Créé le 31 mars 2005, le Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD) totalise, jour pour jour, 19 ans. Le parti cher à Joseph Kabila qui a passé près de deux décennies au pouvoir, est obligé, à la suite de la fin de coalition FCC-CACH de faire l’opposition politique. Pas facile pour certains membres qui ont appris à manger salé et qui ne peuvent se passer du sel.

Ravagé, de l’interne, par des divisions et conflits de tout genre, presqu’abandonné par son initiateur, secoué par sa ligue de jeunes, désavoué par une frange importante de ses élus, 41 au total, qui ont rejoint l’Union sacrée de Félix Tshisekedi, le PPRD est arrivé à un virage qui risque de précipiter sa décente aux enfers.

Le 31 mars 2002, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) est créé et se place « dans la lignée de Patrice Émery Lumumba et de Laurent-Désiré Kabila ». Il revendique une idéologie social-démocrate. Parmi les 253 personnes qui signent l’acte fondateur figure notamment Vital Kamerhe. En 2005, il est élu Secrétaire général du PPRD.

C’est au PPRD que se dessine alors, dès ses premiers pas, le nouveau visage de la RDC. Les stratégies s’y multiplient et les résultats sont palpables. Nouvelle Constitution de la RDC, référendum populaire, premières élections libres, démocratiques et transparentes. Ce parti du changement séduit.

Après l’élection présidentielle de 2006 remportée par Joseph Kabila, les élections législatives de 2006 voient la victoire de l’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP) de Joseph Kabila, qui remporte près de 200 sièges, dont 111 pour le PPRD. Vital Kamerhe est élu le 28 décembre 2006 président de l’Assemblée nationale.

Conforté par cette assise politique qui semble inébranlable, Joseph Kabila entreprend des projets de développement particulièrement ambitieux. Le programme des cinq Chantiers est très vite suivi par la Révolution de la modernité, deux idées qui marqueront le mandat du « Raïs ».
C’est aussi le PPRD qui sera au front pour défendre le kabilisme en froid avec une partie de la communauté internationale qui n’approuve pas la vision révolutionnaire du président Joseph Kabila. La question électorale et celle de la limite du mandat présidentiel fût au cœur des tensions.

La descente aux enfers

Moïse Katumbi, gouverneur de la province du Katanga de février 2007 au 29 septembre 2015, personnalité importante du PPRD, qui avait soutenu Joseph Kabila en 2006 et 2011, démissionne du gouvernorat et du PPRD et se prépare à une candidature présidentielle. Il rejoint alors le Front citoyen 2016.
En 2018, après 3 ans de tumultes autour du 3eme mandat de Joseph Kabila, le PPRD, suivant son initiateur, offre à la RDC sa toute première alternance politique. Une avancée historique même si Emmanuel Ramazani, dauphin désigné par Joseph Kabila, échouera finalement face à une opposition visiblement mieux organisée.
Et puis surviennent les moments sombres du PPRD qui, né au pouvoir, s’adapte difficilement à ce nouveau paysage politique contrôlé par un Président de la République issu de l’opposition. Les certitudes tombent et les fissures sont plus visibles que jamais.
Première cible de la grogne, le Secrétaire Permanent, Ramazani Shadary, qui trébuche suite au départ, à l’Union sacrée, de plusieurs cadres du PPRD. La jeunesse monte au créneau et demande la tête de « coup sur coup » comme unique gage de changement au sein de la famille.

Le parti se vide

L’ancien premier ministre, Matata Ponyo a, récemment, quitté le PPRD. Sa démission du parti est intervienu au moment où le clan Kabila semble en perte de vitesse. Il faut dire aussi que Matata Ponyo s’éloigne de Joseph Kabila au moment où le nom de l’ancien Premier ministre est cité dans un scandale financier : le détournement des fonds publics destinés au groupe agro-industriel de Bukanga-Lonzo. Le dossier est déjà transmis à la justice, affirme-t-on à l’inspection générale des finances. Mais Augustin Matata Ponyo clame son innocence et parle de manipulation politicienne dont l’objectif, selon lui, est de le noyer. Entend-il se rapprocher du pouvoir actuel comme beaucoup l’ont déjà fait ? Pas de commentaire pour le moment du principal intéressé.

La ligue de jeunes manipulée ?

« Il se remarque malheureusement depuis un certain temps une effervescence néfaste au sein d’un groupuscule de la jeunesse du parti au but et objectif inavoué dont les vrais auteurs tapis dans l’ombre veulent affaiblir notre formation politique alors que des violations systématiques de la constitution et un rétrécissement de l’espace démocratique sont constatés et décriés, tant par la communauté nationale qu’internationale. Il est incompréhensible et condamnable que la jeunesse force avant-gardiste qui devait défendre haut et fort notre démocratie en danger se laissent manipuler », déclarait, fin février, le député Jean Kimbunda, après une réunion de l’exécutif du parti.
En fait, la force du changement PPRD conduite par Jimmy Ngalasi est née profitant du boulevard ouvert par Serge Kadima, Président de la ligue des jeunes en conflit ouvert avec Emmanuel Ramazani !
Depuis plusieurs mois, c’est le bras de fer entre le bloc Shadary qui tient fermement les quelques leviers de pouvoir qui lui resrent encore et la Force du Changement qui mobilise une jeunesse visiblement déterminée.
Cet anniversaire intervient donc dans un climat morose et de doutes. Les choses ont tellement changé au PPRD au point que la flamme de cette 19eme bougie vacille face aux tempêtes de la politique.


PM