Le procès opposant le professeur Florimond Muteba, président du Conseil d’Administration de l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP), à Lydie Omanga, membre du Conseil d’Administration de l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications du Congo (ARPTC), a débuté ce lundi 4 novembre au Tribunal de paix de Kinshasa/Kasa-Vubu.
Cette affaire pénale a été marquée par une contestation procédurale. Les avocats du professeur Muteba ont soulevé une exception de non-saisine du tribunal, invoquant l’article 59 du Code de Procédure Pénale. Ils ont fait valoir que leur client n’avait pas été correctement informé de l’action en justice. En réponse, les avocats de Lydie Omanga ont affirmé que la notification avait été adressée au bureau du PCA de l’ODEP.
Le ministère public, invité à se prononcer, a soutenu la position de la défense, reconnaissant l’irrégularité de la procédure et plaidant pour que le tribunal se déclare non saisi. Cependant, après avoir entendu les arguments des deux parties, le tribunal a décidé de se déclarer saisi de l’affaire, mais a suspendu l’audience, reportant la prochaine séance au 18 novembre. Cela permettra aux avocats de la défense de préparer leurs arguments.
Il convient de noter que Lydie Omanga accuse le PCA de l’ODEP d’imputation dommageable et de diffamation, suite à des déclarations faites dans les médias et sur les réseaux sociaux. Cette controverse trouve son origine dans un rapport publié par l’ODEP le 5 août 2024, dénonçant ce qu’elle qualifie de “pillage des ressources publiques” par sept membres de la direction de l’ARPTC.
Selon l’ODEP, ces dirigeants, dont Lydie Omanga, auraient perçu au total 2,3 millions de dollars américains en une année, soit environ 340 000 dollars par mois chacun. Le PCA de l’ARPTC, Katende, toucherait quant à lui 439 471 dollars par mois, tandis que le membre le moins bien rémunéré recevrait 319 321 dollars.
De 2021 à 2023, les dirigeants de l’ARPTC auraient ainsi cumulé des revenus de 18,6 millions de dollars. En janvier 2024, ils auraient également perçu une “prime de janvier” de 3 millions de dollars, soit 429 000 dollars par personne.
L’ODEP souligne la gravité de la situation en rappelant que le pays traverse une crise humanitaire majeure, avec plus de 7 millions de personnes déplacées. Selon l’ODEP, le budget de près de 19 millions de dollars, consommé en trois ans par ces dirigeants de l’ARPTC, pourrait suffire à soutenir financièrement 7 000 000 de réfugiés intérieurs, chacun bénéficiant de 150 FC par an d’aide publique.