Séjournant en République Démocratique du Congo, précisément à Kinshasa où elle était venue prendre part à la première édition de l’organisation dénommée “ Pont d’art”, initiée par l’entreprise “ Les productions N’gatia” qui s’est tenue pendant deux jours à Kinshasa, soit du 23 au 24 Octobre 2021, Chantal Parent, soprano, artiste lyrique, violoniste, enseignante, gestionnaire, entrepreneure, coordonnatrice et comédienne, renfermant plus de 30 ans dans l’enseignement de la musique et dans la gestion de projets culturels, membre de l’Union des artistes s’est livré aux questions de 24sur24.

Chantal Parent avec Patrick KITOKO

De son amour à la symphonie en passant par le “Pont d’art” jusqu’à sa lecture sur la musique congolaise, cette artiste canadienne de renom a su peindre un tableau plein de couleurs de la culture congolaise, non sans affirmer clairement le potentiel musical congolais qu’il faut impérativement développer.

24sur24: Avec tout ce que vous renfermez comme connaissance culturelle, pensez-vous que c’est juste la passion pour la culture, le mérite ou vous la considérez comme une responsabilité ?

Chantal Parent : C’est vraiment tout ça, moi je ressens cela comme une responsabilité et une passion par ce que j’ai baigné dans ça jeune. J’avais juste 4 ans quand ma mère m’amenait voir un orchestre symphonique, puis on avait eu la chance d’être plus proche. Là, je voyais les violonistes bougés leurs doigts et j’avais plein des questions à la tête. Je crois qu’enfant, on peut avoir de stimuli extérieur pour découvrir quelque chose et là on adhère à ça. Mais j’avais déjà ça en moi vraiment très jeune alors et c’est naturellement que je suis allée vers ça. C’est sûr qu’avec l’expérience ça devient une responsabilité quand même. Au-delà de la passion c’est une responsabilité.

24su24: Vous avez un répertoire bien fourni avec plusieurs œuvres symphoniques et oratorios. Pourquoi avoir choisi la symphonie ?

C.P: En fait, j’ai fait d’autres styles de musique, j’ai exploré le Jazz avant de faire une formation lyrique, de travailler la voix comme chanteuse lyrique, faire mes études universitaires. J’aimais beaucoup la musique populaire et j’aime toujours ça, mais sauf que j’ai développé ces aspects là par après par ce que pour moi, ça réunissait l’aspect du théâtre, pour l’opéra parce que l’oratorios et la musique symphonique c’est différent. Même si j’aimais les autres styles le fait de développer bien sa voix, c’est quelque chose qu’on ressent, c’est un défis aussi pour moi. Le sentiment que j’avais c’est le plus grand défis de développer la voix à ce niveau là que de faire la musique populaire et le Jazz. Le fait de faire de l’opéra, moi ça m’interpellait beaucoup et comme je faisais le violon jeune, j’étais dans des orchestres symphoniques, ça a eu une influence. Ça réunissait mes passions d’interpréter d’autres personnages, d’être à la fois comédienne et de communiquer avec les autres artistes.

24sur24: Vous êtes en République Démocratique du Congo, comment avez-vous trouvé ce pays, surtout dans le secteur de la musique ?

C.P: Je trouvais qu’il y avait beaucoup de potentiels, beaucoup de talents, les gens sont très chaleureux et il y a une ouverture d’esprit très grande. Les musiciens que j’ai côtoyés pour cet événement là étaient des musiciens d’orchestres, des violonistes, des cordes et de bois, j’ai trouvé une belle ouverture et ils ont été heureux pour faire quelque chose de bien; et puis la jeune artiste Imperallia ! En tout cas les talents sont là. C’était très agréable de travailler avec tous ces gens là.

24sur24: Que pensez-vous de “ Pont d’Art” qui vous a fait venir ici?

C.P: Cette organisation a sa raison d’être. Je trouve que c’est une initiative de Flo Lundombe qui est extraordinaire. Je pense qu’on a beaucoup à y gagner, les deux pays, les artistes de ces deux pays. Puis à la fois c’est une plate forme extraordinaire pour faire connaître des talents, parce que le volet qu’on vous a présenté cette année, c’était le volet spectacle. Mais il va y avoir de volets de formation dans lesquels je pense bien être impliquée pour aider les jeunes chanteurs et musiciens à se développer. Cette expérience de pédagogue va être mise en contribution, je le souhaite. Je pense que le mariage entre différentes nationalités au niveau artistique peut juste apporter une chose de plus positive parce qu’il y a beaucoup de talents ici en RDC. Donc il y a matière à développer ces beaux talents.

24sur24: Pensez-vous que la musique que vous faites est adaptée à la République Démocratique du Congo ?

C.P: C’est très sûr que je sais que vous faites un style que vous connaissez beaucoup bien. Un style que vous avez développé, je pense que vous n’avez pas de maison d’opéra. C’est plus que maintenant vous êtes dans la découverte. Pour l’instant c’est encore à découvrir. Vous êtes plus dans la Rumba, la musique qui amène plus à danser, c’est de la superbe bonne musique mais c’est une question d’ouverture, question de découvrir et d’aller vers autre chose. Ce n’est pas une question de jugement de valeur. Vous avez des voix qui peuvent être lyriques. Déjà la voix parlée de congolais, c’est une voix très résonnante. C’est le même instrument quand on parle et on chante. C’est sûr qu’il y a du potentiel que quand on chante que ça donne quelque chose de très bien. Je pense qu’il y a des jeunes qui veulent aller vers ça. C’est juste une corde de plus à développer.

24sur24: Et si on vous demande de vendre positivement la musique congolaise à travers le monde. Quels seraient les mots juste pour la définir ?

C.P: C’est une question à 1000 dollars américains et plus encore. Je dirais talent, ouverture d’esprit, accueil. Moi ce que j’ai ressenti c’est beaucoup cette grande ouverture, un grand amour pour aussi découvrir. Moi j’étais accueillie comme une princesse. J’ai pas senti des préjugés. J’ai senti que quand on fait une belle musique, quand on s’investit, quand on donne ce qu’on a à donner il y aura de la place pour tout le monde. Quand on apprécie l’art pour l’art et qu’il n’y a pas de jugements, c’est une grande qualité. La musique congolaise est une musique qui prend aux tripes, les personnes sont très généreuses, elles se donnent, ce sont des passionnés. Il y a beaucoup d’artistes qui méritent d’être découverts, de talents qui méritent d’être exploités et développés.

24sur24: Seriez-vous prête à revenir en RDC? Si oui, quelle serait ta motivation ?

La première réponse c’est “ OUI“. Déjà il y a de projets en marche. Il est question que je revienne. Dans mon cas, c’est déjà une vocation, la motivation vient assez facilement parce que j’ai de choses à faire ici que j’ai déjà commencé et que je dois poursuivre. J’ai entamé une relation d’amour avec les congolais, les musiciens pour faire quelque chose de bien. C’est juste la suite du parcours. Je veux revenir pour partager la scène avec d’autres artistes, ça va aussi être une motivation et aussi contribuer au niveau pédagogique avec les connaissances et l’expérience que j’ai eues dans le domaine des Arts vivants.

24sur24: Chantal Parent merçi

Chantal Parent : Merçi à vous monsieur Patrick KITOKO