La Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) dénonce la reprise des exécutions des condamnés à mort en République démocratique du Congo (RDC). Dans un document consulté ce jeudi 12 décembre 2024, la CNDH note que cette décision constitue une violation des engagements internationaux pris par le pays en matière de droits de l’homme.

La CNDH s’oppose fermement à la décision annoncée le 5 décembre dernier par le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, concernant l’exécution des peines de mort à l’encontre des bandits urbains, communément appelés « Kuluna ». Dans son communiqué, l’institution qualifie cette mesure de « recul dans la protection du droit à la vie » et d’incompatibilité avec les aspirations abolitionnistes inscrites dans les articles 16 et 61 de la Constitution.

« L’annonce faite par le ministre de la Justice sur la reprise effective des exécutions traduit un manquement grave aux engagements pris par la RDC en matière des droits de l’homme », précise le document.

La CNDH avertit que cette démarche pourrait nuire aux avancées significatives déjà réalisées par le pays dans le domaine des droits humains.

Face à cette situation, la CNDH exhorte les autorités congolaises à renoncer à la peine de mort. Elle recommande la mise en œuvre de réformes judiciaires conformément à la Constitution et l’adhésion au Deuxième Protocole Facultatif du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques de 1989, visant à abolir la peine capitale.
L’organisation encourage également le Président de la République à user de son pouvoir constitutionnel pour commuer les condamnations à mort en peines alternatives, une démarche qui, selon elle, pourrait favoriser la paix sociale.

Le phénomène Kuluna représente un véritable fléau à Kinshasa. Ces gangs armés, souvent de machettes, terrorisent les citoyens en volant, extorquant ou agressant physiquement leurs victimes. Dans son discours sur l’état de la nation, le président Félix Tshisekedi avait appelé à une répression accrue pour endiguer cette insécurité croissante, qualifiant les actes de ces gangs de menace à la paix sociale.
Le ministre Constant Mutamba a annoncé des mesures fermes, incluant l’application de la peine de mort, qui avait été suspendue en RDC depuis 2003 mais réinstaurée en mars 2024 pour lutter contre certains crimes graves, notamment ceux commis par les Kulunas et les traîtres au sein de l’armée.