Depuis quelques années, les paris sportifs ont pris une ampleur considérable à Kinshasa, attirant une population de jeunes toujours plus nombreuse. Dans les rues de la capitale congolaise, des points de vente de paris sportifs fleurissent à chaque coin, notamment grâce à des plateformes locales et internationales qui facilitent l’accès via des téléphones portables. Ce phénomène, bien qu’il soit perçu comme une opportunité de gains rapides, a un impact majeur sur la vie des jeunes Kinois, à la fois sur le plan économique et social.

Une économie parallèle pour la jeunesse

Pour de nombreux jeunes Kinois, les paris sportifs apparaissent comme une solution à la précarité. Avec des mises accessibles à partir de montants modestes, beaucoup espèrent rapidement améliorer leur quotidien. Des plateformes internationales et locales offrent des opportunités de parier sur des matchs de football, principalement européens, transformant cette pratique en véritable phénomène de masse.

“Je parie depuis deux ans maintenant, et j’ai déjà gagné plusieurs fois. Cela m’aide parfois à payer mes études et soutenir ma petite famille,” explique Junior Nsiala, 23 ans, étudiant en Sciences de l’Information et de la Communication. Comme lui, de nombreux jeunes misent pour tenter d’arrondir leurs fins de mois dans un contexte économique marqué par le chômage et la précarité.

L’addiction : un risque réel

Si certains parviennent à tirer parti des paris sportifs, beaucoup d’autres se retrouvent piégés dans une spirale de dépendance. Les pertes successives incitent à miser toujours plus, dans l’espoir de récupérer l’argent perdu. C’est le cas de Patrick, 25 ans depuis Lingwala, qui, après plusieurs gains initiaux, a vu sa situation se détériorer. “Au début, c’était amusant, mais très vite, je me suis retrouvé à parier de l’argent que je n’avais pas. J’ai emprunté à mes amis, à ma famille, pensant que je gagnerais la prochaine fois, mais j’ai tout perdu,” confie-t-il.

Beaucoup de jeunes s’endettent ou dépensent une grande partie de leurs maigres revenus dans l’espoir de remporter un pari. Certains en viennent à négliger leurs études ou leurs emplois, misant tout sur une chance de devenir riche. Mme Madeleine Kanza, mère de trois enfants résidante de la commune de Matete, exprime son inquiétude : “Mon fils, depuis qu’il a arrêté ses études, il s’est consacreé aux paris. Il pense qu’il va devenir riche du jour au lendemain, mais tout ce qu’il fait, c’est perdre de l’argent. Nous ne savons plus comment l’aider.”

Un besoin de régulation et de sensibilisation

Face à cette situation, plusieurs voix s’élèvent pour réclamer une meilleure régulation des paris sportifs en RDC. Bien qu’ils représentent une activité économique florissante, leur impact sur la jeunesse kinoise est préoccupant. Des campagnes de sensibilisation sont également nécessaires pour informer les jeunes des risques liés à cette pratique.

En conclusion, si les paris sportifs offrent à certains jeunes Kinois une échappatoire économique, ils en entraînent d’autres dans une spirale de pertes et d’addiction. Pour éviter que cette génération ne soit définitivement impactée, il est urgent d’adopter des mesures de sensibilisation et de régulation, afin de protéger les plus vulnérables et d’encadrer cette pratique en pleine expansion.

Isaac Elanga (Stagiaire UNISC)