Jean-Claude Kalala Mukunya, cadre du regroupement politique Union Démocratique Africaine Originelle (UDA Originelle), dirigé par l’opposant Claudel Lubaya, a été interpellé ce jeudi 7 décembre 2023, à son arrivée à l’aéroport international de Ndjili, à Kinshasa. Selon des sources proches de l’intéressé, l’arrestation est survenue en début d’après-midi, à son retour d’un séjour à Berlin (Allemagne) où il a été rencontré le président de son parti en exil.
À ce stade, les circonstances précises de cette interpellation – qui n’a pas fait l’objet d’une annonce officielle des autorités congolaises – demeurent floues. La destination où M. Kalala Mukunya a été emmené reste inconnue, et son collectif d’avocats a qualifié l’opération d’« arbitraire », dénonçant une violation de ses droits fondamentaux.
Un contexte politique tendu pour l’opposition
Cette interpellation s’inscrit dans un climat de répression accrue contre les voix dissidentes en République démocratique du Congo (RDC), particulièrement à l’approche des échéances électorales et au milieu d’une crise sécuritaire persistante dans l’est du pays. Claudel Lubaya, figure de l’opposition modérée et plusieurs fois député national et gouverneur de l’ancienne province du Kasaï-occidental, a multiplié ces derniers mois les critiques contre le gouvernement du président Félix Tshisekedi, accusé de dérives autoritaires et d’une gestion défaillante du conflit avec le M23 dans le Nord-Kivu.
L’UDA Originelle, fondée par Lubaya, se positionne comme une force d’opposition constructive, prônant une alternance pacifique et la réforme des institutions. Jean-Claude Kalala Mukunya, en tant que cadre influent du parti, est connu pour son rôle dans la stratégie de communication et les mobilisations de base. Son arrestation pourrait ainsi être perçue comme une tentative d’intimidation visant à museler les soutiens de Lubaya, qui est lui-même en exil depuis plusieurs mois déjà.
Une vague d’arrestations récentes à l’aéroport de Nd’jili
Le choix de l’aéroport de Ndjili comme lieu d’intervention n’est pas anodin. Cet aéroport, principal point d’entrée international à Kinshasa, a été le théâtre de plusieurs interpellations d’opposants ces derniers mois, souvent attribuées à des services de renseignement comme la Direction générale de migration (DGM), la Détection militaire des activités anti-patrie (DEMIAP) ou l’Agence nationale de renseignement (ANR).
L’exode des opposants et les allégations de recul démocratique
Au-delà de cet incident, l’arrestation de Jean-Claude Kalala Mukunya intervient dans un contexte plus large d’exode des opposants congolais. Ces derniers mois, de nombreux proches de l’ancien président Joseph Kabila – qui dirige le Front commun pour le Congo (FCC) depuis son départ du pouvoir en 2019 – ont fui le pays. Ils invoquent une “détérioration grave des droits de l’homme” et un “recul démocratique”, citant des arrestations arbitraires, des manifestations réprimées et une justice instrumentalisée contre les critiques du régime.



