Les organisations professionnelles des médias de la République Démocratique du Congo ont exprimé leur inquiétude sur la situation du journaliste Stanis Bujakera, détenu à la prison centrale de Makala depuis maintenant six mois.
Dans une déclaration conjointe signée ce lundi 18 mars, Journaliste en Danger, l’Union Nationale de la Presse du Congo, l’Association Nationale des Entreprises Audiovisuelles Privées, l’Association Nationale des Éditeurs de la République Démocratique du Congo, l’Union Congolaise des Femmes des Médias, l’Association des Médias d’Information en Ligne et Journaliste en Action, déplorent le fait que Stanis Bujakera est arrêté sur base d’un avis de recherche daté du 7 septembre 2023 ; le journaliste était donc déclaré en fuite alors qu’il n’a jamais été convoqué.

Après l’instruction et les plaidoiries, le verdict dans cette affaire est attendu au plus tard le 20 mars.
Directeur de publication adjoint du média Actualite.cd et correspondant de Jeune Afrique, Stanis Bujakera est accusé par le parquet d’avoir fabriqué un document attribué à l’Agence nationale des renseignements, lequel racontait les circonstances de la mort de l’opposant Chérubin Okende.
Le procureur a requis 20 ans de prison contre le journaliste.
A 48 heures du verdict de ce procès « injuste », les Organisations professionnelles des médias de la RDC, lancent un appel vibrant aux Juges du Tribunal de Grande Instance de la Gombe, pour qu’ils fassent montre d’un ultime sursaut d’honneur et d’indépendance, en ordonnant l’acquittement pur et simple de Stanis Bujakera.
« En tout état de cause, et quel que soit le verdict qui sera prononcé à son sujet ce mercredi 20 mars 2024, l’histoire retiendra que ce journaliste était Innocent de toutes les accusations portées contre lui. Que le procès de Stanis Bujakera était un procès politique. Son arrestation et sa détention pendant plus de 6 mois constituent des plus graves atteintes à la liberté de presse et d’expression que les autorités congolaises pouvaient commettre et elles l’ont fait. Face aux périls qui menacent désormais les fondements mêmes de la démocratie dans notre pays, nous, journalistes et professionnels des médias congolais, nous devons restés mobilisés contre toute tentative de confiscation ou remise en cause de nos espaces de liberté chèrement conquises. Car, à travers le procès Stanis Bujakera, c’est l’avenir de la presse libre et indépendante qui est en danger », lancent les professionnelles des médias de la RDC.

Jean-Marie Kasamba président de l’Union Nationale pour la Presse Congolaise/Kinshasa a appelé les professionnels des médias à une forte mobilisation, ce mercredi 20 mars 2024, devant la prison centrale de Makala, où reste détenu Bujakera 7 mois après son accusation

« Nous serons mobilisés pour dire d’abord qu’il n’était pas coupable. On a laissé le temps à la justice et nous avons suivi la procédure à tous les niveaux. Toutes les demandes de liberté provisoire ont été rejetées. Sans aucune preuve il est coupable. Il y’a menace sur notre monsieur. Nous sommes une Organisation de défense et d’encadrement des journalistes, notre rôle est d’abord d’être solidaires avec les journalistes et de les défendre. Nous sommes allés jusqu’à demander au Chef de l’État et lui-même nous a rassuré qu’il allait s’impliquer dans cette affaire qui le dérange pour qu’il ait une suite favorable et quelques jours après on a requis 20 ans de prison. Nous n’allons pas baisser les bras, nous continuons et nous allons encore relancer les démarches pour que la justice soit faite », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse ce lundi à Kinshasa.
De son côté, Papy Niango un des avocats de Stanis Bujakera a soutenu l’idée d’une mobilisation des journalistes, ce mercredi devant la prison de Makala, avant d’affirmer que son client reste innocent en tout état de cause et quel que soit le verdict qui sera rendu. Pour lui, le monde retiendra que Stanis Bujakera est innocent et que sa condamnation est politique.

Pourtant, le Président de la République Félix Tshisekedi avait solennellement pris l’engagement de suivre personnellement le cas du journaliste, détenu dans les locaux de la prison centrale de Makala depuis le 14 septembre 2023. Lors d’un échange avec la presse le chef de l’Etat avait promis de finalement « fourrer son nez dans cette affaire » alors que la justice congolaise semble être « malade ».
Pour Tshisekedi, Stanis Bujakera, est « victime » des fléaux qui rongent la justice que Tshisekedi veut pourtant « correcte et efficace » pour enfin jeter les bases de l’État de droit.
« J’ai vraiment décidé d’y fourrer mon nez bien que je n’aime pas le faire, croyez-moi. J’ai posé cette question (sur Bujakera) et dès demain, je vais prendre la décision qu’il faudra », avait-il promis.
Malgré l’indignation du magistrat suprême, le dossier du journaliste continu d’avoir une allure purement politique.

Cephas Kabamba