Les conditions de l’arrestation de l’étudiant congolais Joël Malu, 27 ans, décédé en détention en Inde il y a une semaine, contredisent la version avancé par la police indienne. Dans une enquête exclusive, RFI révèle que l’illustre disparu était accusé à tord de possession de drogue.

En effet, tout a commencé dans la nuit du dimanche 1er août dernier. Il est minuit passé. Joël Malu et plusieurs de ses amis africains de Bangalore célèbrent l’anniversaire de l’un d’entre eux, dans un appartement du nord de la ville.

D’un coup, quelqu’un frappe à la porte de manière très forte, « comme si on voulait la casser », témoigne l’un d’entre eux. Deux policiers débarquent, accompagnés d’un Africain, que la plupart connaissent bien : c’est Mykel Williams, un consommateur et trafiquant de drogue nigérian, qui servirait d’informateur pour la police. Les trois hommes fouillent l’appartement à la recherche de drogue, et n’en trouvent pas.

Le ton monte. Ils demandent « où est Herman », un Congolais de Bangalore. Il n’est pas là. « Ils sont donc allés dans la chambre et ont pris mon argent, plusieurs téléphones, les chargeurs », raconte Sabrina. Sa sœur et elle auraient ainsi été délestés de 200 000 roupies (2300 euros), en plus de leurs mobiles. « Puis, ils sont partis avec Bless », conclut-elle.
« Bless » est le surnom de Joël Malu.

La version de la police contredite

Le récit de Sabrina, qui corrobore avec celles d’autres, vient contredire la version apportée par la police.

Celle-ci affirme que Joël Malu est un trafiquant de drogue et que des agents l’ont arrêté dans la rue, à bord d’un scooter, alors qu’il était sur le point de vendre ses produits. « Du MDMA (une drogue psychotrope illégale) est tombé de sa poche et nous l’avons attrapé les mains dans le sac », avance la commissaire adjointe de JC Nagar, Reena Suvarna.

D’autres témoins, présents à la soirée, démontent cette version des faits. Herman Loméla, un Congolais de 29 ans, a ainsi vu les deux agents arriver avec Mykel dans l’appartement, avant de prendre la fuite. Il les connaît bien, et les craint, car ce sont les mêmes policiers qui l’auraient arrêté et torturé pendant une semaine, en octobre dernier.

RFI a échangé avec Mykel Williams par messagerie, mais celui-ci n’a pas répondu aux questions lui posées sur le déroulement de la soirée et sur ces accusations.

Une enquête interne est en cours dans les services de police pour déterminer la cause du décès de Joël Malu pendant la garde à vue. L’autopsie a eu lieu, mais le médecin légiste ne peut se prononcer avant d’avoir reçu les résultats des examens d’analyses chimiques.

En attendant, le corps de Joël Malu sera rapatrié, dans le courant de la semaine, pour son dernier voyage de retour au pays.

PM