L’UNICEF est de plus en plus préoccupé par l’impact sur les enfants d’une résurgence de la peste bubonique dans la province orientale de l’Ituri, en République démocratique du Congo.
De nouvelles recherches, soutenues par l’UNICEF, dans trois zones de santé de l’Ituri montrent que les enfants sont particulièrement exposés au risque de contracter la peste, qui, ces derniers mois, ait un retour en force pour la première fois depuis plus de dix ans.

Les chiffres publiés pour les trois zones de santé de Biringi, Rethy et Aru – où l’UNICEF a concentré ses recherches montrent qu’il y a eu 490 cas de peste entre 2020 et 2021, avec 20 décès. Les chiffres montrent que sur la même période, 578 cas et 44 décès liés à la peste ont été recensés dans toute la province de l’Ituri.

D’après le rapport de l’UNICEF, l’Ituri est l’un des rares endroits au monde mais aussi le Madagascar et le Pérou; où des cas de peste continuent d’être signalés.
La dernière épidémie diffère des précédentes car des cas de peste bubonique et de peste pneumonique hautement infectieuse qui se transmet d’une personne à l’autre par voie aérienne ont été signalés dans des zones précédemment exemptes de la maladie, près de la frontière avec le Sud-Soudan et l’Ouganda, à l’est de la province.
Les fréquents déplacements de population et l’insécurité dans la région créent un risque considérable de transmission transfrontalière.

“Ce qui est vraiment inquiétant ici, c’est que nous avons des cas de peste signalés dans des zones qui n’avaient pas connu de cas depuis plus de 15 ans, et beaucoup plus de cas dans des zones où il y en avait très peu ou pas du tout auparavant”, a déclaré Izzy Scott Moncrieff, superviseur de terrain de la cellule d’analyse des sciences sociales (CASS) de l’UNICEF.
Et d’ajouter, “Il y a de graves conséquences pour les enfants car ils sont plus exposés aux facteurs de risque de la peste”, a-t-elle ajouté.

Mme Scott Moncrieff a déclaré que la peste est principalement transmise dans les zones rurales par les puces portées par les rats sauvages. Les rongeurs viennent dans les villages à la recherche de nourriture, ce qui permet aux puces d’infecter les animaux domestiques et le bétail avant que la maladie ne soit finalement transmise aux humains par les piqûres de puces.

La peste se traite facilement avec des antibiotiques, qui sont disponibles dans la plupart des zones de santé de l’Ituri. Mais il est important de se faire soigner rapidement après avoir remarqué des symptômes qui sont d’autant plus difficiles à traiter que la maladie se propage dans l’organisme.

Un rapport récemment publié par la CASS dans les trois zones de santé ciblées de la province d’Ituri a révélé que, bien que les communautés soient conscientes des facteurs aggravants qui augmentent leur exposition à la peste, la pauvreté, le conflit et le déplacement ont fait qu’elles ne sont pas en mesure de prendre des mesures pour se protéger et protéger leurs enfants. Le problème est exacerbé par :

  • Un manque de ressources, obligeant de nombreuses personnes sans lit à dormir sur le sol de leur maison, des pratiques funéraires dangereuses et une mauvaise élimination des déchets ;
  • Des personnes cherchant à se faire soigner par des méthodes traditionnelles plutôt que par des centres de santé reconnus ;
  • Le manque d’options sûres pour stocker la nourriture et le bétail – ce qui oblige les familles à garder les animaux et les récoltes dans leurs maisons pour éviter les vols plutôt que dans des bâtiments extérieurs ;

  • Le changement climatique, la pauvreté et l’insécurité régionale, qui ont rendu les conditions sur le terrain plus propices à la propagation de diverses maladies dans une province où de nombreux groupes armés sont actifs et où des milliers de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays ;

  • Les impacts plus larges de la COVID-19, qui ont laissé les familles plus pauvres et moins capables de répondre aux besoins de base des ménages tels que l’approvisionnement en eau et l’assainissement
  • Les capacités limitées de dépistage de la peste, qui restreignent la capacité des médecins à fournir un diagnostic en laboratoire et rendent difficile le suivi précis de la progression de la maladie.

L’UNICEF lance un appel à l’aide pour soutenir les communautés touchées par la peste par le biais d’une campagne d’éradication des rats et des puces et la construction de maisons plus résistantes aux rongeurs et aux insectes dangereux, y compris la fourniture de lits pour les enfants fabriqués à partir de matériaux disponibles localement.