Dans son audition le 5 mai par la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française, le prix noble de la paix, Denis Mukwege, a, une nouvelle fois, appelé à la justice pour permettre aux victimes de ces crimes de pouvoir se reconstruire.

« Je pense qu’aujourd’hui le blocage est beaucoup plus géopolitique. Il y a tous les pays voisins qui ont été impliqués dans des crimes qui se sont déroulés en République démocratique du Congo, le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda, le Zimbabwe. Ce sont des pays qui ont été impliqués et qui font une pression pour que les recommandations du rapport Mapping ne puissent pas être examinées au niveau du Conseil de sécurité (de l’ONU) », dénonce-t-il.

Et d’ajouter : « En République démocratique du Congo, nous avons encore beaucoup de personnes dans l’administration, dans l’armée, dans la justice, qui ont commis des crimes et qui craignent tout simplement ces dossiers, que le rapport Mapping puisse être examiné », explique le gynécologue congolais.

« Je pense que la France peut faire la différence. La France peut porter notre voix.
La France peut nous soutenir, pour que les pays européens puissent soutenir ce rapport Mapping au niveau des Nations unies. Je crois qu’on peut progresser, malgré ces résistances. On ne peut pas continuer à demander aux bourreaux l’avis des bourreaux pour les traduire en justice ! », a-t-il plaidé.

En rappel, le rapport Mapping, publié en 2010, recensait de nombreux crimes de guerre, crimes contre l’humanité et de possibles crimes de génocide commis entre 1993 et 2003 en RDC. Mais depuis dix ans, aucun de ces crimes n’a été jugé et les recommandations du rapport restent lettre morte. Dans une résolution adoptée à une large majorité en septembre 2020 au Parlement de Bruxelles, les eurodéputés ont soutenu le plaidoyer pour la justice du Dr Mukwege : la création d’un tribunal pénal international et la création de chambres mixtes avec des magistrats congolais et internationaux au sein de juridictions congolaises pour poursuivre les auteurs de violations des droits de l’homme.

PM