Le premier vice-président de l’Assemblée nationale a rencontré les députés de la nouvelle majorité de Félix Tshisekedi pour tenter de calmer les frustrations que pourraient générer la composition du futur gouvernement. Voici ce qu’il leur a dit.
La réunion s’est déroulée ce jeudi 8 avril dans l’un des quartiers les plus chics de Kinshasa. Face à Jean Marc Kabund-a-Kabund, président intérimaire de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, de Félix Tshisekedi), des députés membres de l’Union sacrée, parmi lesquels nombreux sont ceux qui veulent faire partie du prochain exécutif.
Dans son discours, selon le contenu des échanges auquel Jeune Afrique a eu accès, Kabund a tenu à fixer le cap. « Nous sommes là pour aider le chef de l’État. Nous n’avons pas fait la révolution pour rien, chacun d’entre nous, ici, sait pourquoi il a apposé sa signature sur la pétition contre le bureau de Jeanine Mabunda [l’ancienne présidente de l’Assemblée nationale] et sur la motion contre le Premier ministre [Sylvestre Ilunga Ilunkamba, qui a été destitué par les députés] et son gouvernement. »
Alors que, depuis la nomination de Sama Lukonde Kyenge au poste de Premier ministre, le 15 février dernier, la vie politique congolaise est suspendue à la divulgation de la composition du futur gouvernement, Jean-Marc Kabund a tenu à rassurer les députés qu’il avait face à lui. « Contrairement à ce qui se raconte sur les réseaux sociaux et dans les officines de nos adversaires, il n’y a aucun problème politique majeur qui bloque la sortie du gouvernement », a-t-il martelé, assurant que le gouvernement serait connu « incessamment, dans quelques heures ».
Selon lui, le retard pris est lié au temps nécessaire aux « arbitrages [qui] sont en train d’être fait pour respecter les équilibres au sein de notre famille politique ». Une majorité hétérogène, a concédé le premier vice-président de l’Assemblée nationale, au sein de laquelle chacun des chefs de regroupement politique « a envoyé des noms » et exigé des postes importants au sein du futur exécutif. « C’est tout à fait normal que les chefs des regroupements politiques mettent la barre haut », a tempéré Kabund.
Jean-Marc Kabund, qui fut l’un des principaux artisans de la rupture entre Félix Tshisekedi et son prédécesseur, Joseph Kabila, et qui a activement participé à la constitution de la nouvelle majorité sur laquelle entend s’appuyer le chef de l’État, a appelé les députés de l’Union sacrée à ne « pas se laisser manipuler par l’opinion ou nos adversaires ».
À l’en croire, l’une des raisons qui explique le retard actuel tiendrait à la question de la représentation des femmes dans la future équipe gouvernementale. « Dans les premières listes qui nous sont parvenues, il n’y avait quatre femmes sur un gouvernement de plus de 50 membres. Le chef de l’État ne peut pas prendre le risque de sortir un gouvernement parce que l’opinion le réclame à cor et à cri et que, demain, ce gouvernement soit attaqué. »
Après le gouvernement, les entreprises publiques
Alors Félix Tshisekedi avait pris l’engagement de réduire le train de vie de l’État, Jean-Marc Kabund a par ailleurs affirmé que le gouvernement comporterait 55 membres. « Nous sommes parti de 47 et, comme il y a des réglages, nous sommes arrivés à 55 ». Et d’ajouter : « Si le gouvernement ne sort pas le plus vite possible, le chiffre continuera à monter. »
Kabund a aussi défendu le bilan décrié de la « task force » dont il a la charge et qui travaille à la composition du gouvernement, insistant en particulier sur le fait que celle-ci défend les intérêts des députés. « La task force, bien qu’elle a été accusée à tort par ses détracteurs, est en train de veiller à ce que vous, les députés révolutionnaires, vous puissiez vous y retrouver. S’il n’y avait pas ce travail, vous risqueriez de vous retrouver dans un gouvernement de 50 membres ou plus avec 5 ou 6 députés seulement », leur a-t-il affirmé.
Prenant les devants face aux immanquables frustrations que génèrera l’annonce de ce futur gouvernement, Jean-Marc Kabund a également fait une série de promesses, au nom de Félix Tshisekedi, sur de futures répartition de postes de haut niveau.
« Dès que le gouvernement sera publié, demain ou après-demain, les discussions commenceront pour les entreprises [publiques] ». Une redistribution des cartes au sein des entreprises publiques congolaises dont Kabund a affirmé qu’elle se ferait « dans les deux semaines qui suivront le gouvernement », laissant entendre que ceux qui feraient obstacle à l’avancée des discussions sur le gouvernement pourraient ne pas être aussi bien « servis » que d’autres.