12 août 2016-12 août 2021, voici 5 ans, jour pour jour, que Jean-Pierre Mpangi, 6eme Kamuina Nsapu (Roi des Bajila Kasanga) a été assassiné à Tshimbulu au Kasaï orientale.

Depuis lors, la région du Kasai s’était embrasée dans des violences sans précédent, qui avaient fait plus de 3000 morts.

Cinq ans après, la crise du Kasaï semble déjà être dans les oubliettes. Aucune enquête judiciaire digne de ce nom n’a été faite pour établir les responsabilités, sauf, peut-être, pour élucider les circonstances de la mort de deux experts de l’ONU afin de se laver la face devant la communauté internationale.

Cette crise bien coutumière, fut d’abord politique, comme l’avait relevé la délégation de députés nationaux ayant rencontrée le Chef Kamwina Nsapu quelques jours avant sa mort.

Boshab et Kande, principaux instigateurs ?

En effet, tout a commencé lorsque Évariste Boshab devient vice-Premier ministre de l’Intérieur, en décembre 2014, et Alex Kande, gouverneur du Kasaï.

Plusieurs rapports tant de l’ONU, HRW, et même de l’Assemblée nationale ont épinglé les deux personnalités comme instigateurs de ce conflit.

Le patron de la sécurité nationale de l’époque, avait multiplié les arrêtés accordant le statut de chef coutumier à ses affidés politiques, créant ainsi des doublons ou de nouvelles entités coutumières.

Évariste Boshab avait même nommé son propre frère à la tête de l’association des chefs coutumiers du Kasaï-Occidental, au grand dam du président déchu de cette association, le sénateur Emery Kalamba Wafwana, roi des Bashilange, qui s’estimait plus légitime.

Par ce fait, Kinshasa voyait déjà au nouveau Kamwina Nsapu, un dur à cuire parceque idéologiquement, l’homme serait proche de Étienne Tshisekedi.

A l’assemblée nationale, Ramazani Shadary n’avait-il pas déclaré que «Monsieur Kamuina Nsapu fustige la négligence de l’État congolais depuis son accession à l’indépendance, traite tous les détenteurs civils, militaires et policiers de “mercenaires”, et qualifie le gouvernement national de “gouvernement d’occupation”».

Justice à tout prix

Il faut noter qu’ avec la mort du Kamwina Nsapu en août 2016, le conflit s’est étendu bien au-delà de la zone coutumière de Kamuina Nsapu. Le Grand Kasaï, havre de paix, était devenu une zone de guerre avec son million de déplacés internes et ses quelque 30 000 réfugiés qui se sont enfuis, dont certains jusqu’à ce jour, sont de l’autre côté de la frontière, dans la province angolaise de Lunda Norte.

Il revient donc au pouvoir actuel, d’ouvrir des enquêtes pour que justice soit faite pour rétablir une paix durable dans cette région.


PM