Dans un communiqué de presse publié ce jeudi 8 juillet dont une copie est parvenue à notre rédaction, la campagne Le Congo n’est pas à vendre (CNPAV) exhorte le Premier Ministre de commanditer un audit complet de la mise en œuvre de la convention dite « minerais contre infrastructures » conclue en 2008- 2009 entre le Groupement d’Entreprises Chinoises et l’État congolais.

Cette recommandation fait suite au récent rapport d’African Resources Watch (AfreWatch) sur cette convention. Le Congo n’est pas à Vendre se dit préoccupé que cet investissement présenté initialement comme « gagnant-gagnant » pour les deux pays, ne soit en réalité une nouvelle formule de coulage de recettes et d’endettement massif du pays, et ce alors que les résultats en matière d’infrastructures sont très maigres.

Pour rappel, la partie chinoise s’était engagée en 2009 à prêter jusqu’à 3 milliards USD pour la construction d’infrastructures (routes, chemins de fer, hôpitaux, stades, écoles). Celles-ci seraient remboursées par l’exploitation minière de la Sino-Congolaise des Mines (Sicomines). La RDC pour sa part, avait accordé une exemption fiscale quasi-totale pour rembourser plus rapidement les prêts octroyés.

Selon la convention, Sicomines devait produire 800.000 tonnes au courant des trois premières années afin de rembourser rapidement les prêts d’infrastructures. Or comme le révèle AfreWatch, Sicomines n’a produit qu’environ un quart de ce qui avait été promis (2015-2017). Ceci a des répercussions sur le remboursement des infrastructures : malgré les exonérations quasi totales dont bénéficie le projet, la Sicomines n’a remboursé que 83 millions USD entre 2015 et 2017. Entre 2018 et 2019, 238 millions de dollars ont été remboursés, dont seulement 102 millions de dollars pour les infrastructures, le restant pour le remboursement de l’investissement minier. Ce mécanisme de remboursement constitue une violation directe de la convention « minerais-contre infrastructures ».

En effet, selon l’avenant de 2009, les bénéfices de Sicomines doivent d’abord rembourser complètement les infrastructures dites « les plus urgentes », comme le Boulevard 30 juin et d’autres grandes artères de la ville-province de Kinshasa, qui avaient couté environ $520 millions au total. Tant que celles-ci ne sont pas entièrement remboursées, Sicomines n’est pas en droit de rembourser ses prêts miniers. Les conséquences de cette violation contractuelle est de taille pour le peuple congolais, car les infrastructures en deviennent beaucoup plus chères. En effet, tant que les prêts d’infrastructures ne sont pas remboursés, les intérêts gonflent, la dette du Congo s’accroît et le prix réel payé pour les infrastructures augmente de jour en jour. Par ailleurs, si les riches mines de Kolwezi ne suffiraient pas au remboursement des infrastructures, le Congo a promis d’octroyer des réserves de cuivre et de cobalt supplémentaires.

Par ailleurs, le CNPAV indique que le Premier Ministre devrait ordonner la révisitation de cet accord crucial pour le pays, en fonction des résultats dudit audit.

Céphas Kabamba