Elle travaille pourtant sans fond propre depuis plusieurs années mais reste l’une des femmes incontournables dans la vente des poissons au marché de Ngamandjo, l’une des bourgades de la commune de Maluku, dans la ville province de Kinshasa. Elle fait donc partie des ces femmes appelées « mamans manœuvres » qui se rendent dans les différents marchés sans ou avec presque peu de moyens financiers mais qui amassent parfois de l’argent plus que certains fonctionnaires et agents de l’Etat et même des travailleurs des entreprises privées. De son vrai nom, Cathy Mendela Kombe, d’une soixantaine, elle a à sa charge au quotidien une dizaine des personnes. Le comble est qu’elle passe la nuit à la belle étoile et se rend dans sa maison que pendant la journée ou lorsque ses clients sont encore dans différents villages à la recherche du poisson.

Arrivée à Ngamandjo depuis 2000, cette native de Kisangani dans l’actuelle province de la Tshopo, a pourtant commencé la vente des poissons vers les années 1997-98 à Mbandaka dans la province de l’Equateur. Maitrisant confortablement la préparation de Liboko, ce repas des poissons frais fait dans des feuilles de forets, maman Cathy a côtoyé plusieurs personnalités de sa province et même du pays.

Mais à Ngamandjo, elle reçoit comme d’autres femmes, les différents vendeurs et joue l’intermédiaire entre eux et les acheteurs. C’est elle qui fixe le prix d’achat et négocie jusqu’à la fin de la transaction.

« Je travaille sans capital. Je réserve juste un peu d’argent pour faciliter mes clients à payer quelques taxes. Ensuite tous les bassins de poissons sont mis à ma disposition. Je fais tout pour les nourrir pendant leur séjour qui dure généralement une semaine. Pour chaque transaction l’acheteur me donne quelque chose au besoin un petit poisson. Après la vente nous faisons des calculs par rapport au prix fixé au départ par mes clients. C’est ainsi que nous arrivons à nourrir les membres de nos familles. Moi, par exemple j’ai quatre personnes que je supporte à l’université, je construis mon petit chantier et fait nourrir une dizaine des personnes au quotidien ».

Pour un transfert des compétences, maman Cathy encadre au moins six femmes pour leur permettre d’être autonomes et subvenir à leurs besoins. Elle en appelle aussi à l’intervention des autorités nationales et provinciales pour la promotion de ce marché.

« Nous avons besoin que l’Etat ou le gouvernement provincial puisse arranger notre voie d’accès qui pose souvent problème après des fortes pluies. Notre souci est que ce marché soit connu parce c’est le seul marché ou vous avez toute forme des poissons et à un prix abordable. Nos produits vont aussi à l’extérieur du pays car la certains diasporas qui aiment nos poissons du fleuve font des commandes presque chaque jour ».

A Ngamandjo on trouve toute forme de poisson, Piki, Mungusu, Nzombo, Monganza, Mpoka, Mopongo, Nzanza, Mboto ou encore Mungusu, rien ne manque. Plusieurs autres variétés de poissons s’y trouvent au quotidien et souvent disputés par les vendeurs

Cathy Mendela Kombe , dit maman Cathy, est l’une des ces femmes Lokele-Topoke qui maitrisent également l’art culinaire du pays. Elle est parmi ces femmes fortes qui tiennent, en silence, l’économie informelle de la nation.

Willy Akonda Lomanga