Après son entérinement , dans des circonstances troubles par l’Assemblée nationale, Dénis Kadima attend, doigts croisés, son investiture par le Président de la République Félix Tshisekedi.

De nombreuses voix se lèvent déjà pour appeller le Chef de l’État à appliquer un parallélisme de procédure, le cas Ronsard Malonda faisant jurisprudence.

Car, le 13 juillet 2020, dans une correspondance envoyée à Jeanine Mabunda, alors Présidente de l’Assemblée nationale, Tshisekedi avait refusé d’investir Malonda, malgré son entérinement par la chambre basse.

” Je constate que l’information selon laquelle Mr Malonda Ngimbi a été désigné à l’issue d’un processus interne aux confessions religieuses, est fortement contestée en fait comme en droit par certains membres de cette composante, à savoir l’Eglise catholique, l’Eglise du Christ au Congo et l’Eglise Kimbanguiste. A travers leurs lettres, ces Églises affirment qu’il n’a pas été procédé à la désignation d’un délégué des confessions religieuses comme membre de la CENI. Elles soulignent que le procès-verbal vous remis serait pas l’émanation du Président et du Vice-président de la composante, lesquels sont seuls, en vertu de l’article 17 de leur charte constitutive, à engager la composante confessions religieuses”, avait-il motivé son refus.

Deux cas différents apparemment différents

Bien qu’en apparence parallèle, Malonda et Kadima sont deux cas différents, tant dans leurs approches que du point de vue contextuel.

Comme Malonda, il y a eu, certes, blocage mais contrairement à Malonda, il y a cette fois-ci un arrêt de la cour constitutionnelle qui autorise l’Assemblée nationale de reprendre le dossier après l’impasse constaté dans le chef des religieux. Et ce, après épuisement de tous les délais supplémentaires leur accordé, le procès verbal signé par tous faisant foi.

Par ce fait, Denis Kadima peut donc légalement être investi. Son élection n’étant donc plus l’émanation des confessions religieuses, mais de la commission dite paritaire de l’Assemblée nationale.

En plus, l’Eglise Kimbanguiste qui n’avait pas accepté Malonda soutient, cette foi, Kadima.

Encore que, si hier, il ne s’agissait que de Malonda, aujourd’hui, il est question de l’ entérinement de 12 membres (sur les 15) requis à la plénière de la CENI.

Cas politiquement fâcheux

Si, légalement, Tshisekedi devrait investir Kadima, politiquement, cette investiture aura des conséquences fâcheuses contre lui.

Non seulement qu’il confortera les soupçons de ses détracteurs qui l’accuse de vouloir se maintenir au pouvoir coûte que coûte, préparant ainsi la fraude électorale, mais aussi ceux de la CENCO et l’ECC qui voyaient en Denis Kadima ” le candidat du pouvoir”.

Et ce, sans ignorer qu’investir Kadima, dans des circonstances actuelles, contribuera à le certificat de décès l’Union sacrée. En tout cas, Katumbi du plus grand nombre de députés au parlement, avait menacé de quitter la majorité si cette “ligne rouge” était franchie.

Avoir donc la puissante Eglise catholique (avec son comité Laïc de coordination), la très influente Eglise protestante, la coalition LAMUKA (qui mobilise de plus en plus dans ses marches), le FCC, les mouvements citoyens et Katumbi sur son dos, contribuera inexorablement peut être au départ de Tshisekedi.

Avec une CENI et une cour constitutionnelle acquise à sa cause, une majorité au parlement, une armée, une Police et tout l’argent pour faire son lobbying, Kabila n’a-t-il pas fléchi?

En tout cas, ni un troisième mandat, ni un glissement sans fin, ni la possibilité d’ imposer son dauphin ne lui a été possible, devant la détermination et la mobilisation du peuple.
Et Tshisekedi le sait plus que quiconque. Peut être mieux que son prédécesseur.

La voie de la sagesse

Face à ce dilemme, Tshisekedi ne peut que suivre que la voie, pour s’en sortir.

Une table ronde électorale avec toutes les forces en présence, semble se présenter comme seul voie de sortie, pouvant garantir un processus électoral crédible, transparent, apaisé et démocratique.

PM