Réagissant au dernier rapport du collectif « Le Congo n’est pas à vendre » (CNPAV), l’ancien secrétaire d’État américain, Herman Cohen, pense qu’il est temps que la CPI enquête.

« Signaler que la RDC, une nation extrêmement pauvre, a perdu 4 milliards de dollars à cause de contrats douteux avec un homme d’affaires israélien, suggère qu’il serait peut-être temps pour la Cour Pénale Internationale d’intervenir dans ces activités criminelles transnationales en Afrique », a-t-il indiqué.

En rappel, dans un dernier rapport publié le 12 mai 2021, l’ONG CNPAV a révélé que la République démocratique du Congo (RDC) pourrait perdre près de 4 milliards de dollars à la suite de contrats miniers et pétroliers douteux signés avec l’homme d’affaires israélien Dan Gertler.

« L’analyse des données financières publiques montre qu’entre 2003 et 2021, la RDC a perdu 1,95 milliard de dollars de revenus », souligne ce rapport.
« Si rien n’est fait pour arrêter cette hémorragie, 1,76 milliard de dollars collectifs de redevances supplémentaires pourraient s’échapper des caisses de l’Etat entre 2021 et 2039 », selon le CNPAV. La RDC « pourrait être privée d’au moins 3,71 milliards de dollars à la suite de ces contrats douteux » avec Dan Gertler, une figure de proue du secteur minier congolais.

Ami proche de l’ancien président Joseph Kabila (au pouvoir de 2001 à 2019), il a agi en tant qu’intermédiaire sur les plus gros contrats du pays pendant près de 20 ans. « Pourquoi parle-t-on encore de Dan Gertler ? Parce que rien n’est fait et que l’argent continue de partir. Nous en sommes au minimum à 4 milliards. Aucun intermédiaire n’a coûté autant à la République », a fustigé le porte-parole du CNPAV Jean Claude Mputu lors d’une conférence de presse.

Dans le viseur de nombreuses ONG, citées dans les « Panama Papers » en 2016, M. Gertler fait l’objet d’allégations de corruption depuis de nombreuses années. « En 2013, la fondation Africa Progress Panel de l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan avait publié un rapport historique révélant pour la première fois les sommes astronomiques dont la RDC était privée en faisant affaire avec les sociétés offshore de Dan Gertler », rappelle la CNPAV.

Ce document a révélé que « des accords avec M. Gertler sur cinq concessions de cuivre et de cobalt très prisées ont privé la RDC de 1,36 milliard de dollars ». L’analyse financière publiée aujourd’hui met à jour les calculs effectués par l’Africa Progress Panel il y a huit ans.
« Avec de nouvelles informations » la CNPAV « démontre que les pertes subies par la RDC n’ont fait qu’augmenter ces dernières années ».
En mars, les États-Unis ont rétabli les sanctions contre le milliardaire, décidées en décembre 2017 par le département d’État américain, mais qui avaient été assouplies juste avant que Donald Trump ne quitte la Maison Blanche. Washington l’a accusé d’avoir fait perdre à la RDC «1,36 milliard de dollars de recettes fiscales » dans les années 2010.

Table ronde

Dans un communiqué de presse signé par son service de communication, Dan Gertler propose à la coalition des organisations de la société civile le Congo n’est pas à vendre la tenue prochaine, à une date et au lieu convenus de commun accord, d’une table ronde afin de clarifier différentes incompréhensions et informations contenues dans le dernier rapport du CNPAV.
A en croire ce communiqué, l’homme d’affaire israélien a hâte de tenir cette activité au plus tôt.

PM