L’interdiction de présentation et de diffusion en RDC des chansons “Nini tosali te ” du groupe MPR  et “Lettre à Ya Tshitshi” du chanteur Bob Elvis par la commission congolaise de censure ont eu à susciter beaucoup de réactions au sein de l’opinion Congolaise dont celle de l’Union Européenne qui s’était associée à l’indignation suscitée par ces mesures prises les jugeant d’entraver la liberté d’expression et la création artistique.

Dans une correspondance en date de  mercredi 10 novembre 2021, la Ministre de la Justice et garde sceaux, Rose Kiese Mutombo avait levé  cette  mesure censurant les  deux chansons et instruit toutes affaires cessantes au Président de la Commission nationale de censure des chansons et des spectacles de rapporter la décision et lui fournir les explications quant à la procédure suivie pour prendre cette décision.

Une institution qui souille l’image du Gouvernement et de son combat

Réagissant à la polémique soulevée par la mesure d’interdiction de ces deux chansons, le Porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya indiquait dans un tweet que  “la décision portant censure des chansons n’émane pas du gouvernement (…). Tout citoyen est libre d’exprimer son opinion sous réserve des dispositions légales”, et d’ajouter : « Ce n’est pas parce qu’on a fait hier et que ça n’a pas marché qu’on ne doit plus faire demain. Il ne faut jamais renoncer ».

Renonçant à sa décision,  la Commission nationale de censure des chansons et des spectacles a levé ce mercredi 10 novembre 2021 après l’interpellation de la Ministre de justice, la mesure d’interdiction sur la diffusion en République démocratique du Congo d’une de ces chansons qui interpellent la classe dirigeante indiquant que l’interdiction de la chanson “Nini tosali te (Que n’avons-nous pas fait, en lingala)” n’est plus appliquée, un représentant du groupe musical MPR ayant sollicité la levée de cette décision afin d’ouvrir la voie à la régularisation de la procédure.

Notons que c’est depuis des années que cette institution opère comme bon lui semble et  en toute impunité suspendant la diffusion des œuvres des musiciens selon leurs humeurs, elle scelle les boutiques, les grandes surfaces, les restaurants, les night-clubs par des décisions iniques et illégales, prises par deux individus dont notamment l’Avocat Général près le Conseil d’Etat, Bernadin MAYINDOMBE MWAY et l’éternel Directeur financier DIDI KELOKELO en lieu et place de la majorité des membres de la  commission conformément à l’Arrêté judiciaire numéro 355/CAB/MIN/RI.J&GS/96 du 08 juillet 1996 portant organisation et fonctionnement de la Commission Nationale des Chansons et des Spectacles.

Selon nos sources, les paiements au sein de cette institution ne se font pas par voie bancaire mais plutôt aux mains soit des inspecteurs (OPJ) soit aux mains du tout puissant DIDI KELOKELO le directeur financier sous la barbe du l’Avocat Général MAYINDOMBE. Il est temps que la Ministre prenne des dispositions pour cette structure gérée aux mépris des textes et dont les recettes échappent au trésor public. Chose dont les institutions d’inspection devaient s’occuper renvoyant des OPJ de cette structure qui ne sanctionnent  que pour monnayer leurs décisions.

Il sied de relever aussi que la censure est légale. Elle n’existe pas seulement au Congo, mais dans presque tous les pays. Elle tient du fait que dans  toute société, les bonnes mœurs sont à préserver, avant tout. Or, l’art ne véhicule pas seulement des valeurs, mais aussi des antivaleurs. Ce qui est un danger pour l’éducation des enfants. La censure est donc cet organe qui “purifie” ce qui est susceptible de désorienter la jeunesse ou attendre aux bonnes mœurs.

Mais, force est de dénoncer que dans la pratique, surtout ici chez nous, depuis son instauration sous la 2e République, la commission de censure est souvent perçue comme un bras séculier du pouvoir en place pour étouffer toute opinion contraire qui passerait par la chanson ou l’image et qui pourrait nuire au régime en place.

Sous Kabila par exemple, le documentaire du cinéaste belge Thierry Michel sur l’assassinat de Chebeya a été censuré juste parce qu’elle mettait en cause le régime. Il en est de même des chansons comme TOKO voter lisusu d’Alesh, ou  “On est fatigué” de  Marshall Dixon, pendant que des chansons et clips impudiques des musiciens proches du pouvoir étaient diffusés sur le marché.

Il en est de même sous Tshisekedi. La chanson Ingratitude de Tshala Mwana, et récemment, Nini Tosali te et Lettre à Tshitshi ont été censurées.