La journaliste française Sonia Rolley, travaillant pour Reuters, a été expulsée mardi dernier de Kinshasa par les autorités de la République démocratique du Congo qui ne lui avaient pas accordé d’accréditation. Une décision vivement critiquée par des organisations de défense de la presse et des droits.

Dans un communiqué diffusé ce 9 novembre en fin de journée, le ministère congolais de la Communication explique que la journaliste se trouvait “en situation de séjour irrégulier” en RDC et a été par conséquent reconduite à la frontière, “dignement”.

A noter que c’est la deuxième fois en l’espace d’une décennie, que celle-ci fait l’objet d’une expulsion de la RDC pour le même motif. La première expulsion date de 2014 sous le régime de Joseph Kabila. Une expulsion qui, en son temps, avait été condamnée par l’actuel chef de l’Etat, alors qu’il était encore dans l’opposition. Hier à l’opposition, Félix Tshisekedi haussait le ton pour dénoncer les cas d’atteinte à la liberté de presse ; aujourd’hui Président, la suite des choses démontrerait le contraire. Selon plusieurs analystes, l’actuel régime est sur les pas de son prédécesseur qui, en son temps, semblait se présenter en prédateur de la liberté de la presse

La situation de Sonia Rolley n’est pas un cas isolé, à cela il faudrait ajouter les cas Steve Wembi, correspondant notamment du New York Times (NYT), qui n’a pas donné de nouvelles depuis qu’il a été recherché par des agents se présentant comme appartenant à l’Agence nationale des renseignements, le 24 octobre.

 

Malgré les promesses du Président Félix Tshisekedi de “promouvoir la presse pour en faire véritablement un quatrième pouvoir”, le travail des journalistes dans le pays est régulièrement empêché. La République démocratique du Congo occupe la 150 ème place sur 180 pays du classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Le dernier rapport annuel d’observation et d’analyse sur l’état des médias et de la liberté de la presse en RDC, JED a enregistré au moins 124 cas d’atteintes à la liberté de la presse depuis le début de l’année. Comparés à l’année 2021 (110 cas) et 2020 (116 cas), ces chiffres sont nettement en hausse. A ces atteintes s’ajoutent, dénoncent RSF et JED, la dégradation de la situation sécuritaire des journalistes et la réduction des espaces de la liberté de l’information, à une année des élections présidentielles.

La liberté de la presse, reste un droit d’informer en toute liberté et celui d’être informé tout aussi librement, découlant d’un parmi les droits fondamentaux de l’homme car prescrit tant par les instruments juridiques nationaux qu’internationaux. En République Démocratique du Congo, il est de constat irrévocable que, ce droit de l’homme est méconnu dans nos sociétés dites démocratiques car, dans la pratique de chaque jour, les libertés d’expression et d’opinion ne sont pas observées moins encore respectées, et les journalistes en sont victimes. D’où, la nécessité pour le législateur de dépénaliser les délits de presse afin de permettre aux acteurs médiatiques d’exercer leur profession en toute quiétude.

Cephas Kabamba