Si la tripartite autour de la guerre du M23 a eu le mérite de réunir les deux leaders en conflit, Félix Tshisekedi et Paul Kagame, la réunion a cependant engendré plusieurs zones d’ombre. Personne n’est en mesure d’expliquer, par exemple, quelle en sera la retombée immédiate sur le terrain.

Tripartite terminée, rien ne bougera de sitôt sur le terrain. Et personne ne sait ce que devient réellement le M23 pour lequel Paul Kagame a été fait interlocuteur de Félix Tshisekedi. Le sommet a décidé d’un cessez-le-feu entre les forces armées du Rwanda sournoisement dénommées M23 et celles de la République démocratique du Congo appelées FARDC. Mais rien n’est dit sur le modus operandi de ce compromis politique obtenu par Joäo Lourenço, le président de la République d’Angola.

Nairobi et Luanda pour quel résultat palpable ?

Le dernier conclave de Nairobi avait déjà démontré ses limites vis-à-vis des éléments terroristes du M23. Appelés à un cessez-le-feu par les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est, les extrémistes du M23 ont réservé une fin de non recevoir à cette injonction préférant se justifier sur le terrain par des sorties médiatiques illusoires. Aujourd’hui, le M23 est partagé entre la lutte supposée pour son intégration politique et militaire, d’une part et la défense des intérêts du Rwanda qui se concentrent immanquablement sur la problématique des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda), d’autre part. Le mouvement rebelle foule aux pieds les valeurs patriotiques de la territorialité, c’est-à-dire, l’intengibilité des frontières héritées de la colonisation, l’intégrité territoriale de la RDC et la souveraineté nationale du Congo-Kinshasa.

Comme tout groupe terroriste, le M23 n’a cessé de porter avant tout, la cause rwandaise qu’il défend bec et ongles, dans toutes ses communications hebdomadaires. Jusqu’il y a quelques heures, cette force négative prétendait se soucier des Congolais d’origine rwandophone, eux qui sont pourtant les mieux protégés par les services étatiques dans tous les pays. Si le cessez-le-feu n’est pas opérationnel, il faudra revoir le plan diplomatique de la RDC sur ce dossier.

Les terroristes du M23, pas officiellement indexés à Luanda

Le président congolais a-t-il réussi à faire changer de concept à l’académie internationale de lutte contre le terrorisme en Afrique qui voudrait que le M23 soit officiellement reconnu comme un mouvement terroriste? La question s’impose dans la compréhension actuelle de la crise qui voudrait que les pays de la région Est de l’Afrique émettent sur la même longueur d’ondes dans la perception des crimes et de leurs auteurs en République démocratique du Congo. Cependant, beaucoup de pays membres de cette communauté ne jouent pas franc jeu dans cette problématique. Ils y logent des intérêts précieux qui les empêchent de matraquer le M23. Ainsi, ils donnent l’impression d’accompagner la RDC, tout en la scillant sur ses frontières. Or, c’est justement dans la prise en compte de ce qualificatif « terroriste » que la RDC a pu affaiblir le projet déstabilisateur du Rwanda.

Mêler à cela, toutes les preuves humaines et matérielles de la présence des troupes rwandaises sur le territoire congolais. Cette donne essentielle de l’enjeu diplomatique semble n’avoir pas pris la première place des négociations de Luanda.

Ouragan FM via 24sur24.cd