Devenu Président de la République Démocratique du Congo après une élection contestée par plusieurs personnalités politiques congolaises dont le principal opposant, Martin Fayulu, arrivé en deuxième position et donné vainqueur par les évêques congolais, qui avait dénoncé « une escroquerie », Félix Tshisekedi, fils de l’éternel opposant Congolais Etienne Tshisekedi semble s’imposer de plus en plus sur le pays.

Traité de marionnette par ses opposants à cause d’un accord secret signé avec son prédécesseur qui gardait le contrôle du Parlement ( un accord qui avait donné naissance à une alliance inédite et permis en janvier 2019 la première transition pacifique du pouvoir dans l’histoire agitée de la RDC, au grand soulagement de la communauté internationale) M. Tshisekedi a réussi, après plusieurs mésententes au sein de ladite coalition, en deux ans, sans faire recours aux urnes, à avoir une majorité écrasante en mettant en place l’union sacrée.

Naissance d’une autocratie Congolaise

Les langues ne semblent pas s’accorder sur la gestion du pays par M. Tshisekedi qui passe pour un autocrate aux yeux de certains observateurs qui dénoncent des violations intempestives de la constitution depuis l’avènement de l’Union Sacrée. Le dernier fait décrié par les opposants est celui du projet de réforme de la loi électorale. À en croire Martin Fayulu et Adolphe Muzito lors d’un point de presse, il s’agissait d’un « forcing initié par Tshisekedi pour que le parlement vote unilatéralement une loi taillée sur mesure afin de préparer la fraude électorale en RDC en 2023 ». De son côté, la Représentante de l’ONU en RDC, Bintou Keita, avait réclamé une commission électorale « dépolitisée » et indépendante » pour des élections crédibles en 2023.

Une politique d’auto-confirmation?

L’ex-Premier Ministre Congolais Adolphe Muzito avait lors d’une intervention médiatique prédit que Tshisekedi serait beaucoup plus dictateur que son prédécesseur. Était-ce une réalité aujourd’hui? Toutes les langues semblent s’accorder sur cette réalité politique en RDCongo. Trop de sorties médiatiques, trop d’usages du « je présidentiel », M. Tshisekedi semble s’auto-confirmer à travers la justice et le tout puissant inspecteur général des finances en faisant une chasse aux sorcières.

Va-t-on droit vers l’effritement de l’union sacrée?

Ayant annoncé son ambition de briguer un deuxième quinquennat, M. Félix Tshisekedi semble anéantir tous ses potentiels concurrents à l’élection présidentielle de 2023. Comme dans un jeu d’échec, le Président Congolais s’est fixé une stratégie consistant à avoir une vision à long terme de la manière de jouer lors du match qui s’annonce et des techniques à court terme. Notons que la stratégie est l’art d’organiser et de conduire une partie d’échecs alors que la tactique représente plutôt l’art de diriger la bataille ou les moyens employés pour réussir à vaincre son adversaire.

Élu Président dans des circonstances chaotiques, Félix Tshisekedi a levé l’option de bouffer avant 2023 tous les gros poissons à la magistrature suprême : le Premier est Vital Kamhere avec qui il s’était allié pour faire un ticket aux élections de 2018 à la suite du retrait à l’accord de Genève. Ainsi, UNC et UDPS avaient pu créer une coalition dénommée Cap pour le Changement (CACH). Condamné à 13 ans de prison pour détournement de fonds alloués à la construction des maisons préfabriquées liées au programme des 100 jours du Chef de l’Etat, Vital Kamhere ne pourra plus briguer la magistrature suprême. Le deuxième est l’homme à la cravate rouge dont le Sénat vient de lever les immunités et autorisé les poursuites judiciaires. Matata Ponyo est accusé d’être l’auteur de la débâcle du parc de Bukanga lonzo.

Le troisième potentiel challenger est Moïse Katumbi. Après l’avoir servi pour l’effectivité de l’Union Sacrée, M. Félix en vrai stratège, veut se débarrasser de l’ancien Gouverneur de Katanga en utilisant le candidat malheureux des dernières élections Noël Tshiani avec la proposition de loi sur la Congolité qui sera portée à l’Assemblée Nationale par un député de l’Union sacrée Nsingi Pululu.

L’Union sacrée ressemble à une idéologie étatique à laquelle tout le monde doit adhérer de peur d’être inquiété. Les Gouverneurs qui n’y ont pas consenti se sont vus destitués et avoir des problèmes avec la justice à l’instar du frère cadet de l’ancien Président de la République, Zoé Kabila. Plus est, d’aucuns pensent que ‪ « l’Union sacrée est l’axe du mal et l’empire de la corruption ». Depuis sa mise sur pied, les élections qui ont eu lieu à la chambre haute et basse du parlement et ailleurs n’ont été organisées qu’à la soviétique avec des candidatures uniques écartant les autres pour des raisons non fondées. Est-ce la démocratie ou la dictature? « C’est plutôt la peur d’être vaincu ainsi le seul rempart pour le camp Tshisekedi est de chercher des stratagèmes machiavéliques pour écarter tous les potentiels challengers ».

Les jours à venir nous dirons plus sur la concorde nationale et l’avenir de l’union sacrée.