Le volcan de Nyiragongo, situé dans la province du Nord-Kivu à quelques kilomètres de la ville de Goma, est entré en éruption le samedi 22 mai à 19 heures. La catastrophe naturelle a pris tout le monde de court. Pourtant le pays dispose d’un observatoire, dont la mission est la surveillance de l’activité volcanique.

Sur place à Goma, le traumatisme est palpable. L’on compte déjà 32 morts et 17 villages dévastés par la lave volcanique. Des tremblements de terre ont été ressentis le lundi 24 mai. Pourtant le pire aurait été évité si l’observatoire volcanique de Goma fonctionnait normalement. Le manque de financement serait la raison de son dysfonctionnement.

Selon les lois de finances, l’observatoire volcanique de Goma devrait bénéficier des crédits budgétaires de 1,2 millions USD ces deux dernières années, dont 516.091 USD pour 2021 et 783.235 USD en 2020.

Où est parti l’argent ?

Du côté des agents de l’observatoire, on juge l’inaction du service public par manque d’argent. Le dernier financement d’environ 2 millions USD de la Banque Mondiale s’est arrêté, il y a un an. Ce fonds aurait servi, selon plusieurs sources, au renforcement des capacités des agents et à des activités de surveillance volcanique.

Avant la fin du projet, la Banque mondiale aurait alerté le gouvernement congolais pour prendre le relais. Mais comme toujours, la nouvelle est passée comme si rien n’était. Pourtant la ville de Goma et ses environs sont exposés à deux volcans actifs: Nyiragongo et Nyamulagira.

Des documents budgétaires, que la rédaction a consultés, révèlent tout de même que l’observatoire volcanique de Goma émarge au budget du pouvoir central, sur la section Recherche Scientifique. En 2020, un budget de 1.475,6 milliards de FC (783.235 USD au taux budgétaire de 1.884 FC) avaient été prévus. Comme pour les autres services du secteur, 275.732 USD ont été décaissés pour le salaire et 71.025 USD au titre des interventions économiques, sociales et culturelles, indique le rapport du ministère du budget.

L’OVG, trop gourmand

Selon la loi de finances 2021, l’observatoire volcanique de Goma dispose de 45 agents, dont le salaire moyen est plafonné à 440 USD. Dans la pratique, l’opacité règne en maître. Le service 500 agents, au-delà de l’effectif reconnu par le pouvoir central. En 2020, le ministre de la recherche scientifique avait déjà révélé au moins 250 fictifs.

Ces effectifs non reconnus sont rémunérés avec la mise à disposition de fonds provenant de la rubrique interventions économiques, qui pourrait pourtant servir au paiement de certains besoins en fonctionnement. Car, ce sont les rémunérations et les interventions économiques, une forme d’appuis au fonctionnement (assistance sociale) sont décaissés de manière permanente.

Aujourd’hui, l’Observatoire Volcanologique de Goma doit plus de 10 mille dollars à une société qui leur fournissait l’Internet. Suite au non-paiement de la facture, le fournisseur a coupé le service.

L’Etat irresponsable

La loi de finances 2021 prévoit un soutien de 241.896 USD, dont 14.411 USD doit servir à la construction d’une ligne téléphonique à monter réduite à Nyiragongo.

Toutefois, des projets importants restent non exécutés. Il y a d’abord l’acquisition des équipements pour la surveillance des volcans actifs de la région de Virunga, pour un montant de 591 083 309 FC (313 738 USD), qui connaît de problème de décaissement. Ensuite, la loi de finances renseigne le projet de construction d’une ligne téléphonique à monter réduite à Nyiragongo, dont le coût global est de 231 240 580 FC (122 739 USD), qui connaît la même situation depuis 2020.

Selon les experts, l’absence d’une politique claire en matière de recherche scientifique serait la raison principale de l’absence de décaissement des fonds d’investissements en faveur de l’observatoire volcanique de Goma. Ce qui a pour conséquence, entre 2020 et 2021, aucun partenaire extérieur n’a apporté son soutien à l’Etat.

Une revalorisation du secteur de la recherche scientifique s’avère nécessaire pour la prévention face aux catastrophes naturelles et éviter des pertes en vie humaines.
Ukiabi