Après la promulgation de la nouvelle loi portant organisation et fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante, l’Assemblée nationale a publié mardi le calendrier de désignation des membres de la Centrale électorale, celle qui aura la charge de conduire le peuple congolais aux prochaines élections de 2023. Ce qui n’enlève en rien à toutes les contestations qui ont entouré les réformes électorales.

Verre à moitié plein ou verre à moitié vide, les avis sont partagés. A deux ans des échéances de 2023, la machine électorale est sur le point de se mettre en mouvement. Il y a cependant un épais brouillard autour de ce long chemin qui mène à 2023. En deux ans, le Gouvernement promet en même temps d’initier l’identification et le recensement de la population, laissant planer le doute sur les scrutins de 2023.

Entre glissement et tensions, le Chef de l’État, garant du bon fonctionnement des institutions, devra faire le bon choix pour éviter au pays des conséquences imprévisibles.

Les élections de 2023 arrivent à pas de géant, et déjà, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a annoncé qu’il briguera un second mandat pour parachever sa vision sur le pays. Il ne fallait pas plus pour que des officines se mettent à scruter les faits et gestes des uns et des autres, particulièrement ceux du président-candidat qui sera toujours soupçonné de tout faire pour se maintenir au pouvoir.

C’est ainsi que le Groupe de 13 personnalités (G13), qui a pris l’initiative de dégager un consensus sur l’organisation des élections, a invité le Chef de l’État à s’interdire de prendre le prétexte du référendum pour ne pas organiser les élections au plus tard le 31 décembre 2023. Ce prétexte utilisé en son temps par le président honoraire Joseph Kabila avait provoqué des violences dans le pays.

Une opinion soupçonne le Chef de l’État d’organiser le glissement afin de prolonger son bail à la tête du pays en vertu de la disposition constitutionnelle qui voudrait que le président de la République en fonction reste et ne soit remplacé que par un nouveau président élu.
Ce fameux glissement avait cristallisé toutes les énergies contre le président de l’époque Joseph Kabila.

L’option du recensement avant les scrutins suivis du glissement du calendrier électoral conduit toujours à des violences. D’ailleurs pour cette raison, l’Église Catholique avait organisé des manifestations pacifiques qui avaient causé plus d’une quinzaine de morts. Deux années après, même le dauphin de Joseph Kabila, Emmanuel Ramazani Shadary n’a pu être proclamé vainqueur.

La tentation de reprendre cette formule qui a échoué est considérée comme suicidaire et contre le bon fonctionnement de la démocratie.

BANNIR LE GLISSEMENT

L’ancien opposant proclamé Chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi sait que le glissement est anti-démocratique. Mais sa réponse à une question sur le respect du délai constitutionnel d’organisation des scrutins démontre suffisamment qu’on est face à une absence d’engagement ferme. Penser au recensement dans ces conditions difficiles, à mi-chemin du mandat, c’est autrement s’engager sur la voie du glissement.

S’il y avait une vraie volonté, c’est tout au début du mandat que cette idée aurait été avancée. L’avancer en ce moment n’est rien d’autre qu’une volonté de tripatouiller les règles du jeu électoral. Ce qui serait une belle manière de planter déjà le décor aux contestations lorsqu’arriveront les échéances de 2023.