Dans une correspondance signée ce 9 septembre 2021, le Docteur Denis Mukwege dit avoir appris avec « effroi » les récentes tueries commises au Nord-Kivu et en Ituri où au moins 19 civils ont été tués le 27 août 2021 dans le Territoire de Beni et au moins 30 civils ont été massacrés par armes blanches et armes contondantes le 3 septembre 2021 dans le Territoire d’Irumu. Des attaques attribuées aux miliciens des Forces Démocratiques Alliées (ADF).

Le Prix Nobel de la Paix 2018, rappelle que les populations de cette région vivent dans la peur et l’horreur. Leur quotidien est caractérisé par des atrocités qui défient l’imagination et heurtent profondément la conscience humaine : des massacres à grande échelle, des incendies de villages, des pillages et des viols commis avec une extrême violence.

Il fait également savoir que le nombre de civils tués par ce groupe armé approche les 6000 morts depuis 2013 dans le Kivu et l’Ituri, malgré la présence de la MONUSCO et de la Brigade d’Intervention qui opèrent en appui aux Forces Armées de la RDC sur base du Chapitre VII des Nations Unies qui autorise tous les moyens d’ordre militaire nécessaires pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales, rappelle Denis Mukwege.

« Cette situation tragique et scandaleuse n’est plus supportable. Sous d’autres cieux, la commission de ces crimes les plus graves mobiliseraient l’intervention de la justice pénale internationale, mais au sein d’une communauté internationale où règne la loi du « deux poids deux mesures », ces atrocités de masse qui endeuillent notre Nation chaque jour se commettent dans une indifférence qui soulève notre indignation la plus profonde », a-t-il écrit.

Malgré l’état de siège instauré dans le Kivu et en Ituri, constate Denis Mukwege, la situation sécuritaire ne semble pas s’améliorer dans ces Provinces et la crise humanitaire dramatique que les populations civiles endurent se transforme en une « véritable crise de notre humanité ».

« La situation qui prévaut dans cette région touchée par les conflits armés depuis des décennies est la deuxième crise humanitaire la plus grave au monde quand on prend en compte les 5,2 millions de déplacés que connaît la RDC. En outre, les conflits qui ravagent notre pays depuis 25 ans sont les plus meurtriers depuis la 2e Guerre Mondiale », dit-il.

Face à l’échec des solutions politiques et sécuritaires, Denis Mukwege reste convaincu que le chemin de la paix durable passera par le recours à tous les mécanismes de la justice transitionnelle.
LM