Les chercheurs Fred Bauma et Jason Stearns regrettent que Paris et Londres se soucient davantage « de leurs intérêts bilatéraux que de la stabilité » en République Démocratique du Congo.

Pendant deux jours, les 29 et 30 novembre, des combattants appartenant à la rébellion du Mouvement du 23 Mars (M23) ont rassemblé et tué des villageois autour de Kishishe, un village de l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Selon une enquête préliminaire des Nations unies, 131 civils, dont des enfants et des femmes, ont été massacrés.

Des expressions d’indignation prévisibles ont suivi, y compris de la part du gouvernement français. Mais le Quai d’Orsay devrait reconnaître son propre rôle dans cette situation. Depuis des mois, nous savons que le M23 est soutenu par le gouvernement rwandais, mais les donateurs étrangers dont la France, ont détourné le regard, se souciant davantage de leurs intérêts bilatéraux que de la stabilité au Congo.

Depuis que la rébellion du M23 a refait surface en novembre 2021, elle a aggravé une situation déjà terrible, déplaçant plus de 450 000 personnes et envahissant une ville frontalière clé et le plus grand camp militaire de la province du Nord-Kivu. Elle a bouleversé la politique congolaise, déjà très agitée : le nouveau programme national de démobilisation est au point mort, les opérations de l’armée contre d’autres groupes armés ont été réorientées, et elle a creusé un grand trou dans le maigre budget de l’Etat congolais.

Fred Bauma et Jason Stearns